Invité d'honneur du CFJ, Wolfgang Blau, ancien directeur de la stratégie digitale du Zeit Online et du Guardian, a donné mardi au siège de l'AFP ses pistes de réflexion sur la transformation des médias.
A propos de ce projet
Publié le 13 Octobre 2015
Licence : Creative Commons
Auteur
Making Of
Cet article a été rédigé à l'occasion de la leçon inaugurale du CFJ Paris organisée pour la promotion 70. Cette année, l'école a eu l'honneur de recevoir Wolfgang Blau, ancien responsable de la stratégie digitale du Zeit Online et du Guardian. Photographie : Jean Barrère ; Edition : Adèle Bossard.
La salle de conférence était comble mardi soir au dernier étage de l’AFP à Paris. Les 45 étudiants de la promotion 70 du CFJ Paris ont assisté à la leçon inaugurale de Wolfgang Blau, l’occasion pour le tout nouveau responsable de la stratégie digitale de Vogue et Vanity Fair de les inciter à saisir les opportunités de la « révolution technologique à l'oeuvre » dans les médias.
« Comme toute révolution », celle que vit la profession des journalistes est brutale et nécessite de nombreux ajustements, a expliqué pendant une heure M. Blau, filant la métaphore de la révolution du "rail". L'ancien responsable digital du site du Zeit Online et du Guardian a expliqué que les jeunes journalistes devaient s'approprier les mutations en cours, sans avoir peur des ruptures et des changements. « Au XIXème siècle, les chemins de fer étaient perçus comme coûteux, inutiles et polluants, alors que plus personne aujourd’hui ne s'interroge sur leur utilité » a-t-il justifié.
« Le principal obstacle au changement est avant tout culturel » a ajouté M. Blau, citant les résistances persistantes de nombreux médias, notamment en Europe continentale, face aux nouveaux canaux de diffusion, réseaux sociaux et applications en tête. « Les modes de consommation de l’information ont changé avec internet et les smartphones » a expliqué Wolfgang Blau, qui a réussi à augmenter de 400% le trafic internet du site allemand Zeit Online entre 2008 et 2013.
« Adapter les contenus aux canaux ». Avec l'apparition d'internet, les canaux de diffusion se sont multlipliés. Les lecteurs ne s'informent plus seulement à partir des sites d'information, a rappelé Wolfgang Blau, mais également grâce aux réseaux sociaux et aux applications. « Il faut repenser les contenus en fonction des parcours des lecteurs » a expliqué le journaliste de 47 ans. « Le fait d'arriver sur un article depuis les réseaux sociaux ou depuis une recherche sur Google Actualités est une indication sur la consommation de l'information ».
« L’infotainment ne sauvera pas la presse », qui a besoin de se différencier et d’offrir des contenus inédits à ses lecteurs, a précisé M. Blau. C’est sur le fond et « grâce à des informations de qualité » que les médias se développeront pour atteindre une taille critique.
« Le payant dépend de ce que l’on vise ». Favorable au principe du paiement sur internet, M. Blau a tenu à distinguer les ambitions éditoriales selon la taille des médias: « Le payant marche très bien pour Mediapart qui fait de l’enquête » a-t-il expliqué, précisant que le New York Times, avec ses 1300 journalistes, pouvait se permettre d’offrir des contenus en accès libre pour augmenter son lectorat.
« Les articles doivent être adaptés aux smartphones » pour tenir compte des nouveaux modes de lecture, dans les transports et sur des écrans réduits. Impossible selon Wolfgang Blau de continuer à produire les mêmes contenus alors que les nouvelles technologies ont profondément bouleversé les habitudes de travail des journalistes et de consommation des lecteurs.
« Les robots sont une menace tant que les journalistes » ne se demandent pas ce qu’ils peuvent apporter à leur médias et à leurs lecteurs a rassuré le journaliste. « Les robots sont aujourd’hui capables d’écrire des articles sur le sport ou la finance », mais ils ne sont pas encore capables de comprendre la réalité et de la restituer.
« Ne pas se contenter de son pays d’origine ». Internet a aboli les frontières et les journalistes peuvent toucher un lectorat beaucoup plus important, selon M. Blau, qui cite en exemple les médias anglosaxons, comme le New York Times. « L’objectif doit être de s’adresser au plus grand nombre de lecteurs possibles » a-t-il plaidé.
Après ces quelques extraits, nos différents supports vous proposeront bientôt des contenus additionnels sur la leçon inaugurale de Wolfgang Blau.